Céder un site e-commerce : peut-on vendre ou acheter un fonds de commerce électronique ?

Découvrez comment vendre ou acheter un site e-commerce comme un fonds de commerce classique : règles juridiques, RGPD, fiscalité, étapes clés.
Sommaire

La cession d’un site e-commerce soulève une question essentielle : peut-on le vendre comme un fonds de commerce traditionnel ? En France, la réponse est affirmative, à condition que certaines conditions soient remplies.

Cet article explore les critères juridiques, les éléments à céder, les obligations réglementaires et les implications fiscales de la cession d’un fonds de commerce numérique.

Qu’est-ce qu’un fonds de commerce numérique ?

Un fonds de commerce, qu’il soit physique ou numérique, repose sur trois éléments clés :

Une clientèle réelle et stable

La jurisprudence reconnaît désormais qu’un site e-commerce peut avoir une clientèle propre, même sans point de vente physique. Les clients, abonnés ou acheteurs récurrents constituent cette clientèle.

💡 Attention, il serai difficile de séparer la vente du site e-commerce de la vente d’une éventuelle boutique physique : le critère de la clientèle propre étant difficile à démontrer.

Des éléments incorporels

Cela inclut le nom commercial, le nom de domaine, les droits de propriété intellectuelle (marques, logos), les licences, les contrats d’hébergement et les comptes sur les réseaux sociaux.

Des éléments corporels

Moins présents dans l’univers numérique, ils sont toutefois bien réels et peuvent comprendre le matériel informatique, les stocks ou les équipements liés à l’activité.

Les éléments à céder lors de la vente d’un site e-commerce

La cession d’un site e-commerce implique la transmission de plusieurs éléments essentiels :

  • Le site internet : son code source, design, fonctionnalités et contenu.
  • Le nom de domaine : transféré via l’organisme compétent (AFNIC par exemple).
  • Les comptes associés : comptes sur marketplaces (Amazon, Etsy…), outils d’analyse (Google Analytics), services de paiement (Stripe, PayPal…).
  • Les contrats essentiels en cours : contrats d’hébergement, de référencement, de maintenance.
  • Le fichier client : élément central du fonds numérique (cf. ci-dessous)

Le fichier client : un actif stratégique à encadrer

Que contient un fichier client e-commerce ?

Le fichier client d’un site e-commerce regroupe l’ensemble des informations collectées auprès des acheteurs et prospects. Il peut comprendre :

  • Les données d’identification : nom, prénom, adresse email, téléphone
  • Les coordonnées de livraison/facturation
  • L’historique des commandes et paniers
  • Les préférences de navigation ou d’achat
  • Les interactions avec le service client
  • Les données marketing : segmentation, taux d’ouverture d’emails, taux de conversion, etc.

Ces données sont un levier de croissance pour l’acquéreur, qui pourra relancer les clients, optimiser les campagnes marketing ou encore améliorer le service.

Quelles sont les règles à respecter pour céder ce fichier ?

Le fichier client contient des données personnelles, donc soumis au RGPD. Sa transmission implique plusieurs précautions :

  • Informer les clients du changement : vous devez prévenir vos clients que leur fichier va être transféré au nouveau propriétaire du site. Ils doivent savoir que     leurs données vont être utilisées par une autre entreprise.
        👉 Cela peut se faire par un email d’information ou via une mention sur le site, avec possibilité de refuser (opt-out).
  • Mettre à jour votre registre RGPD : si vous avez mis en place un registre des traitements (ce que toute entreprise traitant des données personnelles est censée faire), il faut y noter que le fichier client a été transmis à l’occasion de la vente.
        👉 Ce registre est un document interne qui décrit quelles données vous collectez, pourquoi, et ce que vous en faites. L’acheteur devra créer ou modifier le sien également.
  • Clause spécifique dans l’acte de cession: il est recommandé d’intégrer une clause encadrant le transfert du fichier, précisant notamment les obligations d’information et les garanties prises.

Quelles formalités pour céder un site e-commerce ?

La cession d’un fonds de commerce numérique suit les mêmes règles que pour un commerce traditionnel :

  • Rédaction d’un compromis de vente (promesse)
  • Rédaction d’un acte de cession mentionnant les éléments transmis, le prix, les modalités et les garanties éventuelles.
  • Publicité légale dans un journal d’annonces et au BODACC (en l’absence de local commercial, ces publicités peuvent se faire au lieu ou le vendeur est inscrit au RCS)
  • Enregistrement de l’acte auprès de l’administration fiscale.

Quelles sont les obligations fiscales spécifiques à la cession d'un site e-commerce ?

Le régime fiscal est le même que pour une cession de fondsde commerce classique.

Pour le vendeur

La plus-value éventuelle est imposée selon le régime de l’impôt sur le revenu ou des sociétés, selon la forme juridique. Des exonérations existent en cas de départ à la retraite ou de petites entreprises (article 151 septies du CGI).

Pour l’acheteur

Des droits d’enregistrement sont dus, au barèmesuivant :

  • 0 % jusqu’à 23 000 €
  • 3 % entre 23 000 € et 200 000 €
  • 5 % au-delà

Conclusion

La vente d’un site e-commerce constitue bel et bien une cession de fonds de commerce dès lors qu’il existe une clientèle propre, une activité réelle et des actifs transférés. Toutefois, le caractère numérique du fonds impose une vigilance accrue sur le transfert des données personnelles, et les contrats associés.

📞 Notre cabinet vousaccompagne à chaque étape de la cession ou de l’acquisition de votre activitéen ligne : rédaction d’actes, formalités, conformité RGPD…N’hésitez pas à nous contacter. 

D'autres articles

Toutes les ressources